Mort de Mohamed Gabsi: “ça fait du bien” aurait affirmé le policier après lui avoir écrasé les cervicales

A Béziers, trois policiers municipaux en garde à vue après la mort de Mohamed Gabsi.
Le 8 avril dernier, Mohamed Gabsi, 33 ans, était mort après son interpellation lors d’un contrôle lié au confinement. La version des agents est contredite par les déclarations de plusieurs témoins.
La justice cherche à déterminer les conditions de l’interpellation durant laquelle un homme est décédé.
La police municipale de Robert Ménard à Béziers (Hérault) a-t-elle tué Mohamed Gabsi interpellé le 8 avril dernier lors d’un contrôle lié au confinement? Ce jeudi matin, selon le Parisien, trois agents municipaux sont en garde à vue depuis 8h30 dans les locaux du service régional de police judiciaire (SRPJ) de Montpellier. Le parquet de Béziers a confirmé ces gardes à vue dans le cadre de l’information judiciaire ouverte le 18 avril dernier pour « violences volontaires ayant entraîné la mort sans intention de la donner par personne dépositaire de l’autorité publique » et pour « non-assistance à personne en péril ».
Selon le Parisien, la version que les policiers ont donnée sur PV et en audition au mois d’avril dernier est contredite par l’audition de plusieurs témoins. Un dossier particulièrement sensible. Dans cette ville, le rôle de la police municipale armée et plébiscitée par le maire d’extrême droite proche du Rassemblement national, est controversé.
Ce soir-là, vers 22 heures, une patrouille composée de trois agents de la police municipale, a décidé de contrôler Mohamed Gabsi qui se déplaçait à pied. Selon le Parisien, Mohamed Gabsi s’était laissé contrôler sans difficulté le 31 mars et le 6 avril par la police municipale qui l’avait verbalisé pour pour une attestation covid mal remplie.
La justice cherche à déterminer les conditions de l’interpellation et celles de son transport dans la voiture de la police municipale.
Menotté et allongé sur le ventre dans le véhicule, Mohamed Gabsi ne respirait plus à l’arrivée au commissariat, et n’a pas pu être réanimé. Le seul décès en France à la suite d’un contrôle anti-covid.
Selon les policiers municipaux, la victime aurait « refusé le contrôle et adopté à leur encontre un comportement très agressif, justifiant de procéder à son interpellation ».
Or cette version ne colle pas avec l’audition des témoins. En l’absence de caméras de vidéo surveillance sur les lieux, les enquêteurs ont récupéré certains films amateurs et entendu de nombreux riverains. Des déclarations qui ont été vérifiées et recoupées en fonction de l’endroit où ils se trouvaient.
Selon le Parisien, le témoignage de deux frères paraît embarrassant pour les agents municipaux. Alertés par les cris de Mohamed Gabsi, ces témoins auraient assisté depuis leur appartement situé au rez-de-chaussée à l’embarquement de la victime dans le véhicule. Les propos qu’ils ont entendus et la scène qu’ils décrivent font froid dans le dos. L’un des deux frères raconte qu’il a aperçu dans le véhicule de police un agent à genoux sur la tête de la victime et qu’il l’a entendu dire : « je vais te faire dormir ». Le même fonctionnaire, dixit le témoin, aurait lancé à un de ses collègues : « Laisse-moi le ». Les portières se seraient alors refermées sur ce fonctionnaire décrit comme portant des lunettes de vue et un gilet avec une inscription dans le dos en trois lettres.
Le riverain dit alors avoir vu les suspensions du véhicule bouger, puis le policier municipal ressortir, essoufflé, et déclarer en riant : « ça fait du bien ». Selon le témoin, un autre agent aurait alors constaté que Mohamed Gasbi avait vomi sur la banquette. Des déclarations corroborées par le frère du témoin avec des détails macabres en plus. Le même agent aurait enfoncé ses deux genoux dans le cou de la victime qui serait restée inerte, la tête pendant légèrement à l’extérieur de la voiture.
Dans ce dossier, plusieurs expertises ont été diligentées : Elles montrent « une compression cervicale antérieure gauche par une surface large, ayant été prolongée et appuyée à l’origine d’infiltrations musculaires, fracture de la corne thyroïdienne et contusion du nerf vague… Des expertises qui ne vont pas manquer de faire débat. Contactée par le Parisien, Houda Gabsi, la sœur de la victime, se dit satisfaite de ses gardes à vue tout en espérant des mises en examen : « Ce n’est que le début du combat, j’espère que mon frère n’est pas mort pour rien et que plus jamais cela ne recommencera ».