La préfecture de police demande le licenciement d’une policière pour avoir critiqué Israël

Le couperet est tombé mercredi. La commission disciplinaire de la préfecture de police de Paris a demandé la révocation d’une fonctionnaire de police du commissariat du Raincy.
« Elle est ressortie brisée », confie l’un de ses collègues qui attendait lui aussi son tour. Cette femme de 44 ans au grade de brigadier fait partie des 106 policiers soupçonnés de radicalisation. Parmi eux soixante-seize officient en Ile-de-France.
Entre mars et août 2014, elle écrit sur Facebook un post critique envers la politique d’extrême droite du gouvernement israélien. Dans un autre message, elle exprime sa sympathie envers la population palestiniene sous l’occupation israélienne.
Suite à une dénonciation, ses propos lui valent en 2015, un rappel à la loi.
« Elle a reconnu les faits et s’en est excusée »« Elle a reconnu sans ambiguïtés les faits et elle s’en est excusée, mais elle n’a jamais fait de prosélytisme et n’a jamais fait l’apologie de Daesh ou d’Al-Qaïda », souligne Me Achour, son avocat.
D’ailleurs, elle continuera d’exercer dans les rangs de la police, au commissariat du Raincy.
Jusqu’à novembre 2019 où elle est frappée d’une mesure de suspension. « C’est une situation post Harpon », analyse l’avocat.
Un mois plus tôt le 3 octobre, Michaël Harpon avait poignardé mortellement quatre fonctionnaires dans l’enceinte de la préfecture de police de Paris. Le quadruple assassinat de policiers par l’un des leurs avait provoqué un profond traumatisme et questionné sur les failles de l’institution.
Pourtant d’après Jean Charles Brisard, president du centre d’analyse du terrorisme, l’attaque du 03 octobre ne serait pas un attentat. Selon lui « les conclusions de l’un des services enquêteurs diligentés par le Parquet national antiterroriste, l’attaque à l’arme blanche à la préfecture de police de Paris ne serait pas un attentat
»
Le préfet de police Didier Lallement s’était fendu d’une note dans laquelle il invitait les policiers à signaler automatiquement les comportements suspects chez leurs collègues tels que « les changements physiques vestimentaires ou alimentaires, le refus de serrer la main du personnel féminin, un repli sur soi, le rejet de l’autorité, de la vie en collectivité ».
Dans ce contexte tendu, les « posts » de la fonctionnaire du Raincy ne tardent pas à remonter à la surface. La suspension est prononcée, suivra le conseil de discipline du 5 février pour « atteinte portée au crédit de la police nationale sur les réseaux sociaux ». Il sera question lors des débats d’un manquement à l’obligation de réserve et de sa loyauté envers l’Etat français.
« Du laxisme à la chasse aux sorcières »
« Pendant cinq ans on ne s’est pas posé cette question. Elle était toujours en poste et armée », s’émeut Me Achour. Il s’étonne aussi de l’antériorité des faits : « C’est un dossier qui dormait depuis 2015 à la préfecture de police et qui a été déterré », estime-t-il. Lors de cette audition à huis-clos « à aucun moment le mot de radicalisation n’a été prononcé ».
« C’est un dossier qui dormait depuis 2015 à la préfecture de police et qui a été déterré », regrette l’avocat de la policière qui s’interroge sur la question de la liberté d’expression dans la sphère privée. Le ministre de l’Intérieur doit désormais statuer sur cette affaire. La décision devrait intervenir dans 4 à 6 mois.