Calvados: Une gendarme invente une fausse agression sexuelle et accuse des migrants

Selon le journal régional ©Liberté, une jeune femme de 22 ans a été condamné pour une dénonciation calomnieuse d’agression sexuelle, mardi 6 octobre 2020 à Caen (Calvados). Elle était gendarme à l’époque.
Mardi 14 août 2018, à Ouistreham, près de Caen (Calvados), une jeune femme accuse trois migrants d’agression sexuelle. Mais, à l’issue de l’enquête qui s’en est suivie, c’est elle qui a comparu devant le tribunal correctionnel de Caen, mardi 6 octobre 2020, pour dénonciation calomnieuse. La jeune femme de 22 ans était gendarme auxiliaire à la brigade territoriale de Ouistreham au moment des faits.
En cette fin de journée du 14 août 2018, Flavie* fait un footing le long des quais, quand trois migrants l’auraient abordée et entraînée à l’écart. Tandis que deux auraient baissé leurs pantalons, le troisième se serait allongé, se frottant contre elle. Se débattant, elle serait parvenue à s’enfuir sous les ricanements.
Elle retourne à la brigade, boitant, la main écorchée, et se confie en larmes à un collègue, son petit ami d’alors. Des gendarmes se lancent dans des repérages avec elle et très vite, ils tombent sur Sullivan*, un jeune Soudanais. Elle le reconnaît catégoriquement, mais il conteste farouchement. La jeune femme identifie un autre migrant un peu plus tard. Sauf que, au moment des faits, ce dernier se trouvait en garde à vue à Caen…
Ce n’est pas le seul élément qui va poser question aux enquêteurs. Au fur et à mesure, d’autres indices discréditent la version de Flavie : sur la vidéosurveillance de la gendarmerie, on la voit marcher normalement, alors que dans les locaux, cheville prétendument foulée lors de l’agression, elle boite. Les blessures qu’elle porte à la main ne correspondent pas non plus avec ses déclarations.
Fin novembre, Flavie finit par craquer en avouant avoir tout inventé. Elle a bien croisé trois migrants mais ils ne lui ont rien fait. Sa cheville ? Elle n’en souffre pas. Sa main ? Elle se l’est écorchée sciemment contre un arbre. Pour expliquer cette mascarade, elle raconte avoir subi des agressions sexuelles par des jeunes lorsqu’elle avait une dizaine d’années et en avoir parlé sans être crue. Elle dit souffrir de cauchemars récurrents. L’expertise psychiatrique la décrit comme « fragile, à la personnalité névrotique ayant besoin d’attirer l’attention ».
Cette affaire met le procureur Jean-Pierre Triaulaire hors de lui :
« Un gendarme est aussi un partenaire de la justice et je ne peux pas admettre que cette personne puisse trahir ! Ce comportement est marqué du sceau de l’injustice et de l’infamie ! Elle met en cause quelqu’un qui va avoir la plus grande difficulté à se défendre, je salue au passage le bon fonctionnement des rouages de l’institution ».
Il requiert 18 mois de prison dont 3 mois ferme aménageables.
Flavie écope finalement de 12 mois de prison avec sursis, le tribunal estimant que malgré la gravité des faits, la jeune femme ne mérite pas une peine ferme, étant désormais ambulancière et bien insérée.
*Prénoms d’emprunt.